La petite histoire
En quelques mots
Raconter l’amour impossible de Roméo et Juliette encore une fois.
Ou
Faire naître encore pour mieux mourir…
Montaigu et Capulet ne trouvent pas le repos éternel. Ils ressassent dans ce cimetière-théâtre. Rongés par un remord funeste, ils vont vous raconter encore une fois (une dernière fois?) cette tragédie légendaire qui a emporté Juliette et Roméo au sortir de l’enfance. Ils espèrent qu’en parlant ils tairont leur douleur impérissable et goûteront enfin au calme de l’oubli.
Raconter, jouer, revivre même, donner à entendre cette histoire pour que d’autres oreilles s’en emparent et que le ressassement douloureux se meurt enfin : voilà leur projet.
Et si c’était possible ? Et si ce n’était pas là même toute l’essence du théâtre : raconter encore l’injustice éternelle pour partager un temps la douleur ? Et perpétrer ce récit pour apprendre de cette douleur alors commune ?
Pour cela, il faut espérer la dire « justement » comme l’espèrent Montaigu et Capulet dans cette énième tentative. Tentons donc d’êtres simples et « justes ».
Dans un registre baroque où les genres se mêlent impunément, frottant des temporalités divergentes, la poésie de Durif nous embarque dans les coulisses imaginées de ce chef d’œuvre intarissable. Le regard de la mère de Roméo et celui du père de Juliette viennent contrer cette histoire que l’on croît déjà connaître. La petite histoire est cette entrée dans l’intimité de la grande Histoire.
Ces deux âmes errantes nous représentent alors ce condensé de Roméo et Juliette en passant par la narration, l’incarnation, la performance, la simple évocation et aussi en se racontant eux-mêmes, malgré eux.
Et malgré eux ils interrogent aussi, l’air de rien, le théâtre dans sa forme la plus pure. Est-ce que ce qui est nommé devient réel ? Quel est le réel au théâtre ? Comment en rendre compte ? Qu’est-ce que raconter une histoire passée dans ce temps présent ?
C’est sous la plume délicieuse et cocasse de Durif que la petite histoire tentera de se raconter encore une fois. Une dernière fois….